• 048 - Gabriel Vicaire (1848-1900) - Feu Follet

    048 - Gabriel Vicaire (1848-1900) - Feu Follet

    Souvent je rencontre à la brune
    Un feu follet qui, tremblotant,
    Mire ses yeux verts dans l'étang
    Où frétille un rayon de lune.

    Comme un esprit malicieux
    Il m'accompagne et me houspille ;
    La douce brise de nuit éparpille
    Sa chevelure dans les cieux.

    Sylphe, lutin, fkamme ou fumée,
    Selon qu'il plait au vent moqueur.
    Ses yeux fous me vont au coeur
    Comme ceux de la bien-aimée.

    Parfois dans la brume, au loin,
    Il s'évanouit comme un rêve ;
    On dirait que là-bas se lève
    La blanche étoile du matin.

    Puis, il renait, semble m'attendre
    Et me regarde et se tient coi,
    Toujours avec je ne sais quoi
    D'égaré, d'ardent et de tendre.

    Ah ! Cette lueur de printemps,
    Cette flamme au vent qui s'envole,
    C'est mon âme changeante et folle.
    Lâche et vaillante en même temps,

    C'est mon âme dont les tendresses
    Montent jusqu'aux étoiles d'or,
    Mon âme qui réclame encor
    Sa part des divines caresses.

    C'est mon âme d'enfant gâté,
    Qu'un souffle entraine à la dérive,
    Toujours, hélas, quoi qu'il arrive,
    En quête de sa bonne volonté.

    Pauvre flammèche qui rougeoie
    Sous les rafales de l'amour,
    Quand donc pourrai-je à mon tour,
    Flambloyer comme un feu de joie.

    Et de ma gloire éblouissant
    Le bois paisible et l'eau dormante,
    Me perdre au fond d'une tourmente,
    A l'horizon couleur de sang !

    Extrait du recueil "Emaux Bressans" 1884


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