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011 - Paul Demeny (1844-1918) - Le Vase D'Agate
011 - Paul Demeny (1844-1918) - Le Vase D'Agate
C'était dans un bosquet de myrte et de lilas
Où se glissait à peine un rayon de lumière :
J'y pénétrai craintif comme en un sanctuaire,
Je retins mon haleine et j'arrêtai mes pas.
Sur un vert piédestal orné de laurier-rose,
Je vis soudain briller une admirable chose :
Un vase frissonnant encor sous le ciseau
Qui l'avait fait sortirde l'agate aussi beau.
Quelle lucidité transparente et limpide !
On eût dit l'onde claire où parfois, l'aile humide,
La colombe vient boire et mirer son cou blanc.
Et quels sons prolongés il rendait en tremblant,
Lorsqu'un zéphyr léger passait sous la feuillée :
Quel timbre ravissant et queis accents divins !
L'anse en était fort simple et fort peu travaillée ;
Puis elle se recourbait en forme de lutins
Souriant doucement, riant de se voir rire.
Mais le vase était vide; et qu'eût-on pu verser
Dans des flancs aussi purs, si ce n'est de la myrrhe ?
Je n'osais le toucher, et je n'osais penser
A souiller la beauté d'une telle merveille.
Non, j'aur ais cru commettre un sacrilége affreux
Si j'avais répandu dans sa forme vermeille
Quelque liquide impur ou quelque flot fangeux.
Tu sais ce que j'ai fait j'y versai l'ambroisie.
J'en ni timidement imprégné ton beau coeur,
Stella, vase sans tache, éclatant de blancheur,
C'est bien là toute ma vie : amour et poésie !
Extrait du recueil "Les Glaneuses" 1870
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