• Écrivain français (Angoulême 1876 – Paris 1967).

    Peintre et sculpteur, il aborde l'écriture en fondant (1916) la revue Sic, ouverte aux avant-gardes et sous titrée « Sons, Idées, Couleurs ». Jusqu'en 1919, la revue est une définition de la modernité, proche du futurisme et attentive au lien établi entre la lettre et le trait par le cubisme. Severini et l'Apollinaire de l'Esprit nouveau y donnent des œuvres. Reverdy, Tzara et de jeunes surréalistes, Breton et Aragon aussi. Lieu d'échanges, Sic définit l'éphémère mouvement nuniste. Les surréalistes lui prêteront sur sa fin un ton plus polémique. Elle frappe par son ouverture à tous les arts, expression de la générosité d'Albert-Birot, dont la poésie est faite d'attention au quotidien transmué par l'humour optimiste (Trente et Un Poèmes de poche, 1917 ; la Lune ou le Livre des poèmes, 1924). Animateur efficace, celui-ci monte les Mamelles de Tirésias d'Apollinaire (1917), où apparaît pour la première fois le mot de surréalisme, et crée le Théâtre du Plateau (1929), où il défend l'idée d'une dramaturgie pour marionnettes, qu'illustrent ses pièces Matoum et Tevibar (1919), les Femmes pliantes (1923). Son chef-d'œuvre, Grabinoulor (1933 puis 1964), est l'épopée en prose de l'homo novus, d'une langue vivace et truculente, sans ponctuation, dont le héros dégage une morale sereine à travers les vicissitudes de l'existence commune. Poète, dramaturge, inventeur d'une certaine idée de la revue, témoin de son temps, Albert-Birot est un homme clé.


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  • 056 - Ernest D'Hervilly (1838-1911 - FRANCE) - Epitaphe

    057 - Léon Duvauchel (1848-1902 - FRANCE) - La Chanson Du Bon-Accueil

    058 - Auguste Brizeux (1803-1858 - FRANCE) - Hymne

    059 - Louis Bouilhet (1822-1869 - FRANCE) - La Louve

    060 - Armand Silvestre (1837-1901 - FRANCE) - Noël D'Amour


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  • 060 - Armand Silvestre (1837-1901) - Noël D'Amour

    En voyant, dans ses langes
    L’enfant radieux que tu fus,
    On m’a raconté que les anges
    Ont cru voir renaître Jésus.

    De l’azur déchirant les toiles,
    Ils volèrent du fond des cieux,
    A leur front portant des étoiles,
    Des fleurs dans leurs bras gracieux.

    Devant ton seuil fermant leur aile
    Ils chantèrent si doucement
    Qu’on eût dit une tourterelle
    Qui soupire après son amant.

    Et, le long de ta porte close,
    Ils laissèrent, en s’en allant,
    Le cœur entrouvert d’une rose,
    L’urne penchante d’un lys blanc.

    On les porta près de ta couche
    Sans savoir qui te les offrit ;
    La rose resta sur ta bouche
    Et sur ton sein le lys fleurit.

    Leurs âmes, des cieux exilées,
    Demeurèrent dans l’air charmé
    Et, de leurs haleines mêlées,
    Se fît ton souffle parfumé.

    Ensuite vinrent les Rois Mages
    Par le vol des anges trompés,
    Pour t’offrir aussi leurs hommages
    Dans des coffrets enveloppés.

    Barbus comme des patriarches
    Et mis comme des nécromans,
    Ils déposèrent sur les marches
    Des perles et des diamants.

    A ton berceau des mains portèrent
    Pour toi ces bijoux précieux ;
    Les perles à tes dents restèrent
    Et les diamants dans tes yeux.

    Je ne suis que l’humble pâtre
    Après les Anges et les Rois
    Qui vient s’agenouiller à l’âtre.
    Une fleur morte entre les doigts

    !Extrait du recueil "Le Pays Des Roses" 1882


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  • 059 - Louis Bouilhet (1822-1869) - La Louve

    Marcia, la vieille louve,
    Au fond de son antre couve
    Plus d’une jeune beauté,
    Et, quand la rue est obscure,
    Répand au loin, dans Suburre,
    Son fol essaim qui murmure
    Par les chaudes nuits d’été.

    Elle a la belle Grecque, enivrante sirène,
    La fille de Lesbos aux soupirs cadencés,
    Qui suspend ses doigts blancs à sa lyre d’ébène,
    Et danse aux carrefours la danse ionienne,
    Avec un bandeau d’or sur ses cheveux dressés.

    Elle a l’ardente Latine,
    Qui sous une mitre incline
    Son front bruni du soleil,
    Nymphe au sourire magique,
    Glissant sous le blanc portique,
    Avec sa fauve tunique
    Et son brodequin vermeil.

    Elle a pour nos plaisirs, la Gauloise superbe,
    Le front ceint de gui pâle, aux feuillages amers ;
    Son pied nerveux bondit sans faire plier l’herbe.
    Ses longs cheveux épars semblent l’or d’une gerbe,
    Et son regard farouche est bleu comme les mers.

    Elle a ses négresses folles
    Qui, sur leurs noires épaules,
    Enlacent des serpents verts.
    Elle a l’Arabe indolente
    Qui, la nuit, dort sous la tente,
    Et le jour boit, haletante,
    À la source des déserts !

    Mais la plus belle, amis, c’est la blanche Chrétienne,
    Qui pleure et ne veut pas, et rougit tour à tour,
    Et qui de son Dieu mort pressant l’image vaine,
    Demande à deux genoux les tigres de l’arène,
    Quand on la jette nue aux baisers de l’amour !

    Extrait du recueil "Festons Et Astragales" 1859


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  • 058 - Auguste Brizeux (1803-1858) - Hymne

    Le divin composé, qui brille en s'approchant,
    Se reflète sur nous encore, encore un chant !

    Oui mieux que la prêtresse et l'antique délire,
    Si dans les temps prochains la science a su lire,

    Qu'elle déroule en paix ses vers sentencieux
    Avec grâce voilés, mais clairs pour tous les yeux.

    C'est l'heure les oiseaux ont fui vers les nuées,
    Tant la hache en tous lieux fait de larges trouées.

    Partout le jour, partout de saints rapprochements,
    Des hymens amoureux suivis d'enfantements.

    Quel est le val sans nom ? Quelle est l'île déserte ?
    Partout le blé nouveau couvre la plaine verte.

    Pourquoi devant ta porte élever ce rocher,
    Ermite, si la foule entre et vient te chercher ?

    Il faut voir tomber l'arbre et germer la semence,
    Voir tout ce qui finit, voir tout ce qui commence.

    O fleurs du Sunium, fleurs voisines du ciel,
    Quel parfum vous mêliez aux lis blancs du Carmel !

    Mais, silence ! Voici l'Orient qui s'allume
    Et de l'Ouest obscurci colore au loin la brume.

    Tout se cherche. Le Nord vers le Sud est allé,
    Et la matière en feu vers l'esprit a coulé.

    Le mélange se fait d'une fusion idéale,
    Alliage splendide, œuvre que rien n'égale ;

    Métal complexe et simple, et sans pareil encor.
    Et dont le monde entier aura composé l'or ;

    Métal plus précieux que l'airain de Corinthe,
    Au foyer du savoir fonte prudente et sainte ;

    O le pur électrum où l'esprit et le corps
    Parviendront à s'unir en de justes accords,

    Quand elle apparaîtra la fusion bénie,
    Tous les cœurs aimeront cette harmonie !

    Oui, c'est l'heure voyez s'émouvoir à la fois
    Et la terre et le ciel qui lui donne ses lois ;

    Voyez dans les hauteurs l'alliage mystique
    Reluire en dévoilant son rapport sympathique !

    Triangle composite et d'argent et d'or fin
    Et d'un autre métal, comme eux simple et divin :

    O troisième métal, que nul encor ne nomme,
    Pour finir son travail, c'est toi qui cherches l'homme.

    N'es-tu pas la soudure et l'intime lien,
    Le nœud intelligent d'où résulte le bien ?

    Viens donc, flux désiré, sage intermédiaire,
    Avec l'or et l'argent viens finir le ternaire !

    Esprit, nous sommes prêts, nous appelons ton jour,
    Esprit, viens féconder la Puissance et l'Amour !

    Extrait du recueil "Les Ternaires" 1841


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  • 057 - Léon Duvauchel (1848-1902) La Chanson Du Bon-Accueil

    L’auberge est blanche et réjouie :
    Elle rit au soleil levant.
    C’est une fleur épanouie
    Sous le rude baiser du vent.
    Dominant sa double clairière
    Où s’égosille le bouvreuil,
    Forêt devant, forêt derrière,
    C’est l’auberge du Bon-Accueil.

    N’y craignez pas de tragédie
    Que termine votre trépas :
    Au franc pays de Picardie
    Nos enseignes ne mentent pas.
    Tout là-bas, au tournant des côtes,
    Nul brigand n’attend sur le seuil :
    Voyez l’air engageant des hôtes
    De l’auberge du Bon-Accueil.

    Bon garde, viens-y dès l’aurore,
    En allant tuer tes lapins.
    Les yeux ensommeillés encore,
    Voici qu’accourent trois bambins.
    Ils vont émietter leur pitance
    À ton chien, couleur d’écureuil,
    Qui, tout heureux, aboie et danse
    Pour l’auberge du Bon-Accueil.

    Pauvres boquillons qui, sans trêve,
    Débitez les arbres géants ;
    Vieux charbonniers, jamais en grève ;
    Clapeurs, honte des fainéants ;
    Grumiers sobres, fuyant les bouges ;
    Ventiers ayant bon pied, bon œil,
    Allez vous tendre vos mains rouges
    Dans l’auberge du Bon-Accueil.

    La chasse court sous la charmille.
    Le lancer trouble les échos.
    La meute partout s’éparpille.
    Mort aux dix cors, mort aux ragots !
    Peut-être un veneur débonnaire,
    Ce soir, d’un cuissot de chevreuil,
    Viendra renforcer l’ordinaire
    De l’auberge du Bon-Accueil.

    Au mendiant, au pauvre hère
    Dont des haillons sont les habits,
    On voit souvent la ménagère
    Donner un chanteau de pain bis...
    Même un gîte, après la pâtée...
    Qu’eussent-ils brouté ? du cerfeuil
    Ou quelque racine gâtée,
    Sans l’auberge du Bon-Accueil !

    Cher asile, humble, mais prospère,
    Qu’un dieu sur toi pose la main ;
    Que les enfants après le père
    Vivent au bord du grand chemin.
    Sois accueillant à tout le monde,
    Hormis aux porteurs de cercueil,
    Et qu’on te célèbre à la ronde,
    Douce auberge du Bon-Accueil !

    Or, j’écris ces couplets champêtres,
    Moi, le parrain de la maison,
    Assis à l’ombre des grands hêtres
    D’où la faine tombe à foison.
    Sort propice, fais-moi la joie,
    Fou de mon art, mon seul orgueil,
    Que plus d’un été me revoie
    À l’auberge du Bon-Accueil.

    Puisse-t-on garder la mémoire,
    Au fond des hameaux forestiers,
    Du poète qui mit sa gloire
    À respirer les églantiers
    Cette fleur de sa rêverie,
    Et l’offre en partant, l’âme en deuil,
    À sa blonde hôtesse, Marie,
    Notre-Dame du Bon-Accueil.

    Extrait du recueil ''Les Faïnes" 1900


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  • 056 - Ernest D'Hervilly (1838-1911) - Epitaphe

    Elle avait dix-sept ans. C'était un très doux être,
    Ignorant, et frileux, et bon comme le pain :
    Moineau d'amour entré chez moi par la fenêtre ;
    Car j'étais son amant, ou plutôt son copain.

    Souvent je la grondais tout à fait comme un père :
    Quelle douleur aussi, vive, mais éphémère !

    Couir en plein soleil, les dimanches, l'été,
    Et voler dans les champs une mauvaise grappe
    De raisin bleu, c'était pour elle le Léthé !

    Son petit doigt fin, rugueux comme une râpe,
    En oubliait alors l'aiguille au bec aigu !

    Pleurer était sa joie extrême à l'Ambigu !
    C'était à Billancourt qu'elle aimait la nature,
    Et Puteaux la charmait. On lisait dans ses yeux
    Ces mots, qu'elle trouva toujours délicieux :
    Balançoires, bosquets, lapin sauté, friture !

    Ah ! Tenez, je la vois encore dans les bois.
    A mon bras suspendue, et caressant mes doigts ;
    Avec sa grâce brusque, et ces fuites soudaines
    Qu'ont sous les coudriers les merles et les daines.

    Un soir que le vent d'Est retroussait les osiers
    Sur les bords de la Marne, elle prit froid, et, pâle,
    Me pria de nouer derrière elle son châle.

    Elle est morte â présent, et dort sous deux rosiers.
    Cette blessure est vieille, et pourtant quand j'y touche,
    Un sanglot doux m'étouffe, et me rend anxieux.

    Nid de baisers, de cris et de rires joyeux,
    Nid vide et froid, hélas, pauvre petite bouche !

    Extrait du recueil "Les Baisers" 1872


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  • 051 - André Lemoyne (1822-1907 - FRANCE) - Bateaux Chalands

    052 - Gérard De Nerval (1808-1855 - FRANCE) - Le Temps

    053 - Jean Richepin (1849-1926 - FRANCE) - Le Bouc Aux Enfants

    054 - Stéphane Mallarmé (1842-1898 - FRANCE) - Les Fenêtres

    055 - Charles Leconte De Lisle (1818-1894 - FRANCE) - La Vérandah

     


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  • 055 - Charles Leconte De Lisle (1818-1894) - La Vérandah

    Au tintement de l’eau dans les porphyres roux
    Les rosiers de l’Iran mêlent leurs frais murmures,
    Et les ramiers rêveurs leurs roucoulements doux.
    Tandis que l’oiseau grêle et le frelon jaloux,
    Sifflant et bourdonnant, mordent les figues mûres,
    Les rosiers de l’Iran mêlent leurs frais murmures
    Au tintement de l’eau dans les porphyres roux.

    Sous les treillis d’argent de la vérandah close,
    Dans l’air tiède embaumé de l’odeur des jasmins,
    Où la splendeur du jour darde une flèche rose,
    La Persane royale, bien immobile, repose,
    Derrière son col brun croisant ses belles mains,
    Dans l’air tiède, embaumé de l’odeur des jasmins,
    Sous les treillis d’argent de la vérandah close.

    Jusqu’aux lèvres que l’ambre arrondi baise encor,
    Du cristal d’où s’échappe une vapeur subtile
    Qui monte en tourbillons légers et prend l’essor,
    Sur les coussins de soie écarlate, aux fleurs d’or,
    La branche du hûka rôde comme un reptile
    Du cristal d’où s’échappe une vapeur subtile
    Jusqu’aux lèvres que l’ambre arrondi baise encor.

    Deux rayons noirs, chargés d’une muette ivresse,
    Sortent de ses longs yeux entr’ouverts à demi ;
    Un songe l’enveloppe, un souffle la caresse ;
    Et parce que l’effluve invincible l’oppresse,
    Parce que son beau sein qui se gonfle a frémi,
    Sortent de ses longs yeux entr’ouverts à demi
    Deux rayons noirs, chargés d’une muette ivresse.

    Et l’eau vive s’endort dans les porphyres roux,
    Les rosiers de l’Iran ont cessé leurs murmures,
    Et les ramiers rêveurs leurs roucoulements doux.
    Tout se tait. L’oiseau grêle et le frelon jaloux
    Ne se querellent plus autour des figues mûres.
    Les rosiers de l’Iran ont cessé leurs murmures,
    Et l’eau vive s’endort dans les porphyres roux.

    Extrait du recueil "Poèmes Barbares" 1862


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  • 054 - Stéphane Mallarmé (1842-1898) - Les Fenêtres

    Las du triste hôpital, et de l’encens fétide
    Qui monte en la blancheur banale des rideaux
    Vers le grand crucifix ennuyé du mur vide,
    Le moribond sournois y redresse un vieux dos,

    Se traîne et va, moins pour chauffer sa pourriture
    Que pour voir du soleil sur les pierres, coller
    Les poils blancs et les os de la maigre figure
    Aux fenêtres qu’un beau rayon clair veut hâler.

    Et la bouche, fiévreuse et d’azur bleu vorace,
    Telle, jeune, elle alla respirer son trésor,
    Une peau virginale et de jadis ! encrasse
    D’un long baiser amer les tièdes carreaux d’or.

    Ivre, il vit, oubliant l’horreur des saintes huiles,
    Les tisanes, l’horloge et le lit infligé,
    La toux ; et quand le soir saigne parmi les tuiles,
    Son œil, à l’horizon de lumière gorgé,

    Voit des galères d’or, belles comme des cygnes,
    Sur un fleuve de pourpre et de parfums dormir
    En berçant l’éclair fauve et riche de leurs lignes
    Dans un grand nonchaloir chargé de souvenir !

    Ainsi, pris du dégoût de l’homme à l’âme dure
    Vautré dans le bonheur, où ses seuls appétits
    Mangent, et qui s’entête à chercher cette ordure
    Pour l’offrir à la femme allaitant ses petits,

    Je fuis et je m’accroche à toutes les croisées
    D’où l’on tourne l’épaule à la vie, et, béni,
    Dans leur verre, lavé d’éternelles rosées,
    Que dore le matin chaste de l’Infini

    Je me vois ange ! et je meurs, et j’aime
    — Que la vitre soit l’art, soit la mysticité —
    À renaître, portant mon rêve en diadème,
    Au ciel antérieur où fleurit la Beauté !

    Mais, hélas ! Ici-bas est maître : sa hantise
    Vient m’écœurer parfois jusqu’en cet abri sûr,
    Et le vomissement impur de la Bêtise
    Me force à me boucher le nez devant l’azur.

    Est-il moyen, ô Moi qui connais l’amertume,
    D’enfoncer le cristal par le monstre insulté
    Et de m’enfuir, avec mes deux ailes sans plume
    — Au risque de tomber pendant l’éternité ?

    Extrait du recueil "Poésies" 1899


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  • 053 - Jean Richepin (1849-1926) - Le Bouc Aux Enfants

    Sous bois, dans le pré vert dont il a brouté l’herbe,
    Un grand bouc est couché, pacifique et superbe.
    De ses cornes en pointe, aux nœuds superposés,
    La base est forte et large et les bouts sont usés ;
    Car l'âpre combat jadis était son habitude.
    Le poil, soyeux à l’œil, mais au toucher plus rude,
    Noir tout le long du dos, blanc au ventre, à flots gris
    Couvre sans les cacher les deux flancs amaigris.
    Et les genoux calleux et la jambe tortue,
    La croupe en pente abrupte et l’échine pointue,
    La barbe raide et blanche et les grands cils des yeux
    Et le nez long, font voir que ce bouc est très vieux.
    Aussi, connaissant bien que la vieillesse est douce,
    Deux petits mendiants s’approchent, sur la mousse,
    Du dormeur qui, l’œil clos, semble ne pas les voir.
    Des cornes doucement ils touchent le bout noir.
    Puis, bientôt enhardis et certains qu’il sommeille,
    Ils lui tirent la barbe en riant. Lui, s’éveille,
    Se dresse lentement sur ses jarrets noueux,
    Et les regarde rire, et rit presque avec eux.
    De feuilles et de fleurs ornant sa tête blanche,
    Ils lui mettent un mors taillé dans une branche,
    Et chassent devant eux à grands coups de rameau
    Le vénérable chef des chèvres du hameau.
    Avec les sarments verts d’une vigne sauvage
    Ils ajustent au mors des rênes de feuillage.
    Puis, non contents, malgré les pointes de ses os,
    Ils montent tous les deux à cheval sur son dos,
    Et se tiennent aux poils, et de leurs jambes nues
    Font sonner les talons sur ses côtes velues.
    On entend dans le bois, de plus en plus lointains,
    Les voix, les cris peureux, les rires argentins ;
    Et l’on voit, quand ils vont passer sous une branche,
    Vers la tête du bouc leur tête qui se penche,
    Tandis que sous leurs coups et sans presser son pas
    Lui va tout doucement pour qu’ils ne tombent pas.

    Extrait du recueil ''La Chanson Des Gueux'' 1876


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  • 052 - Gérard De Nerval (1808-1855) - Le Temps

    Le Temps ne surprend pas le sage ;
    Mais du Temps le sage se rit,
    Car lui seul en connaît l’usage ;
    Des plaisirs que Dieu nous offrit,
    Il sait embellir l’existence ;
    Il sait sourire à l’espérance,
    Quand l’espérance lui sourit.

    Le bonheur n’est pas dans la gloire,
    Dans les fers dorés d’une cour,
    Dans les transports de la victoire,
    Mais dans la lyre et dans l’amour.
    Choisissons une jeune amante,
    Un luth qui lui plaise et l’enchante ;
    Aimons et chantons tour à tour !

    « Illusions ! vaines images ! »
    Nous dirons les tristes leçons
    De ces mortels prétendus sages
    Sur qui l’âge étend ses glaçons ;
    « Le bonheur n’est point sur la terre,
    Votre amour n’est qu’une chimère,
    Votre lyre n’a que des sons ! »

    Ah ! préférons cette chimère
    À leur froide moralité ;
    Fuyons leur voix triste et sévère ;
    Si le mal est une réalité,
    Et si le bonheur est un songe,
    Fixons les yeux sur le mensonge,
    Pour ne pas voir la vérité.

    Aimons au printemps de la vie,
    Afin que d’un noir repentir
    L’automne ne soit point suivie ;
    Ne cherchons pas dans l’avenir
    Le bonheur que Dieu nous dispense ;
    Quand nous n’aurons plus l’espérance,
    Nous garderons le souvenir.

    Jouissons de ce temps rapide
    Qui laisse après lui des remords,
    Si l’amour, dont l’ardeur nous guide,
    N’a d’aussi rapides transports :
    Profitons de l’adolescence,
    Car la coupe de l’existence
    Ne pétille que sur ses bords !

    Extrait du recueil ''Poésies De Jeunesse" 1824


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  • 051 - André Lemoyne (1822-1907) - Bateaux Chalands

    Ces bateaux chalands, ces grosses barques neuves,
    Peintes en marron clair, la croix blanche à l’avant,
    Qui reviennent du Nord et descendent nos fleuves,
    S’en vont au fil des eaux sans mettre voile au vent.

    À leur coque, toujours lisse et bien goudronnée,
    On aime à reconnaître un ménage flamand,
    Dans son nid à fleur d’eau tranquille maisonnée,
    Le jour au grand soleil, la nuit en paix dormant.

    En relief sur le pont, la cabine du maître,
    Coquette et toute blanche... Elle est juste au milieu,
    Comme autrefois dans l’arche... Par chaque fenêtre,
    Au calme intérieur descend un rayon bleu.

    Des brassières d’enfant, de petites vareuses
    Sèchent au soleil clair, tout près du grand filet,
    Et la mère, berçant de ses deux mains heureuses
    Un gros joufflu qui rit, l’abreuve de son lait.

    Des plants de réséda parfument la cabine,
    Et de petits rosiers, parfois même des lys.
    On y voit s’enrouler la rouge capucine
    Aux clochettes d’azur des hauts volubilis.

    Là, quelques prisonniers, éclos sur le rivage,
    Des bouvreuils à gros bec ou des merles siffleurs,
    En oiseaux bien appris agréant l’esclavage,
    Paraissent oublier leur cage dans les fleurs.

    Et plus d’une hirondelle, à bon droit curieuse,
    D’une aile indépendante en pleine liberté,
    Passe comme une folle et sauvage rieuse,
    En frôlant de son vol tout ce monde enchanté.

    On voyage à travers les campagnes fleuries,
    En écoutant parfois, dans un si long parcours,
    Les bœufs des vergers, les coqs des métairies
    Ou le grave angélus enroué des vieux bourgs.

    Les yeux suivent longtemps ces barques fortunées,
    Riches de beaux enfants, et de fleurs et d’oiseaux,
    Qui vont avec vive lenteur, à petites journées,
    Vrais paradis flottants sur le miroir des eaux.

    Mais sur les eaux la Mort nous prend comme sur terre
    D’un seul coup... le patron, qui n’a pas ses trente ans,
    Va chercher, comme tous, la clé du grand mystère...
    Il tombe en plein bonheur... Il a fini son temps.

    Songeant à ses petits, c’est alors que la veuve,
    En essuyant ses pleurs, prend, d’un geste viril,
    Le haut commandement du maître sur le fleuve.
    (Si le cœur lui manquait, l’homme que dirait-il ?)

    Et refoulant en elle une sombre pensée,
    Elle rit aux enfants sans quitter son travail,
    Sur le fond clair du ciel, tout en noir, adossée
    À la barre du large et puissant gouvernail.

    Extrait du recueil "Oiseaux Chanteurs" 1882


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  • 046 - Léon Dierx (1838-1912 - FRANCE) - Le Remous

    047 - Henri Beauclair (1860-1919 - FRANCE) - La Douleur De Moumoute

    048 - Gabriel Vicaire (1848-1900 - FRANCE) - Feu Follet

    049 - Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869 - FRANCE) - Premier Amour

    050 - Charles Baudelaire (1821-1867 - FRANCE) - Les Phares


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  • 050 - Charles Baudelaire (1821-1867) - Les Phares

    Rubens, fleuve d’oubli, jardin de la paresse,
    Oreiller de chair fraîche où l’on ne peut aimer,
    Mais où la vie afflue et s’agite sans cesse,
    Comme l’air dans le ciel et la mer dans la mer ;

    Léonard de Vinci, miroir profond et sombre,
    Où des anges charmants, avec un doux souris
    Tout chargé de mystère, apparaissent à l’ombre
    Des glaciers et des pins qui ferment leur pays ;

    Rembrandt, triste hôpital rempli de murmures,
    Et d’un grand crucifix décoré seulement,
    Où la prière en pleurs s’exhale des ordures,
    Et d’un rayon d’hiver traversé brusquement ;

    Michel-Ange, lieu vague où l’on voit des Hercules
    Se mêler à des Christs, et se lever tout droits
    Des fantômes puissants qui dans les crépuscules
    Déchirent leur suaire en étirant leurs doigts ;

    Colères de boxeur, impudences de faune,
    Toi qui sus ramasser la beauté des goujats,
    Coeur gonflé d’orgueil, homme débile et jaune,
    Puget, mélancolique empereur des forçats ;

    Watteau, ce carnaval où bien des coeurs illustres,
    Comme des papillons, errent en flamboyant,
    Décors frais et légers éclairés par des lustres
    Qui versent la pure folie à ce bal tournoyant ;

    Goya, cauchemar plein de choses inconnues,
    De foetus qu’on fait cuire au milieu des sabbats,
    De vieilles au miroir et d’enfants toutes nues,
    Pour tenter les démons ajustant bien leurs bas ;

    Delacroix, lac de sang hanté des mauvais anges,
    Ombragé par un bois de sapins toujours vert,
    Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges
    Passent, comme un soupir étouffé de Weber ;

    Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes,
    Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum,
    Sont un écho redit par mille labyrinthes ;
    C’est pour les coeurs mortels un divin opium !

    C’est un cri répété par mille sentinelles,
    Un ordre renvoyé par mille porte-voix ;
    C’est un phare allumé sur mille citadelles,
    Un appel de chasseurs perdus dans les bois !

    Car c’est, Seigneur, le meilleur témoignage
    Que nous puissions donner de notre dignité
    Que cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge
    Et vient mourir au bord de votre éternité !

    Extrait du recueil "Les Fleurs Du Mal" 1857


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  • 049 - Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869) - Premier Amour

    Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire,
    Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ?
    Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire,
    Et du soleil d’avril ces rayons si caressants ?

    Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ;
    De biens évanouis tu parles à mon cœur ;
    Et d’un bonheur prochain ta riante promesse
    M’apporte un long regret de mon premier bonheur.

    Un seul être pour moi remplissait la nature ;
    En ses yeux je puisais la vie et l’avenir ;
    Au souffle harmonieux de sa voix calme et pure,
    Vers un plus frais matin je croyais rajeunir.

    Ô combien je l’aimais ! et c’était en silence !
    De son front virginal arrosé de pudeur,
    De sa bouche où nageait tant d’heureuse indolence,
    Mon souffle aurait terni l’éclatante candeur.

    Par instants j'espérais. Bonne autant qu’ingénue,
    Elle me consolait du sort trop inhumain ;
    Je l’avais vue un jour rougir à ma venue,
    Et sa main par hasard avait touché ma main.

    Que de fois, étalant une robe nouvelle,
    Naïve, elle appela mon regard enivré,
    Et sembla s’applaudir de l’espoir d’être belle,
    Préférant le ruban que j’avais préféré !

    Ou bien, si d’un pinceau la légère finesse
    Sur l’ovale d’ivoire avait peint ses attraits,
    Le velours de sa joue, et sa fleur de jeunesse,
    Et ses gros sourcils noirs couronnant tous ses traits ;

    Ah ! qu’elle aimait encor, sur le portrait fidèle
    Que ses doigts blancs et longs me tenaient approché,
    Interroger mon goût, le front vers moi penché,
    Et m’entendre à loisir parler d’elle près d’elle !

    Un soir, je lui trouvai de moins vives couleurs :
    Assise, elle rêvait : sa paupière abaissée
    Sous ses plis transparents dérobait quelques pleurs ;
    Son souris trahissait une triste pensée.

    Bientôt elle chanta ; c’était un chant d’adieux.
    Oh ! comme, en soupirant la plaintive romance,
    Sa voix se fondait toute en pleurs mélodieux,
    Qui, tombés en mon cœur, éteignaient l’espérance !

    Le lendemain un autre avait reçu sa foi.
    Par le vœu de ta mère à l’autel emmenée,
    Fille tendre et pieuse, épouse résignée,
    Sois heureuse par lui, sois heureuse sans moi !

    Mais que je puisse me rappeler tes charmes ;
    Que de ton souvenir l’éclat mystérieux
    Descende quelquefois au milieu de mes larmes,
    Comme un rayon de lune, un bel Ange des cieux !

    Qu’en silence adorant ta mémoire si chère,
    Je l’invoque en mes jours de faiblesse et d’ennui ;
    Tel en sa sœur aînée un frère cherche appui,
    Tel un fils orphelin appelle encor sa mère.

    Extrait du recueil "Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme" 1829


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  • 048 - Gabriel Vicaire (1848-1900) - Feu Follet

    Souvent je rencontre à la brune
    Un feu follet qui, tremblotant,
    Mire ses yeux verts dans l'étang
    Où frétille un rayon de lune.

    Comme un esprit malicieux
    Il m'accompagne et me houspille ;
    La douce brise de nuit éparpille
    Sa chevelure dans les cieux.

    Sylphe, lutin, fkamme ou fumée,
    Selon qu'il plait au vent moqueur.
    Ses yeux fous me vont au coeur
    Comme ceux de la bien-aimée.

    Parfois dans la brume, au loin,
    Il s'évanouit comme un rêve ;
    On dirait que là-bas se lève
    La blanche étoile du matin.

    Puis, il renait, semble m'attendre
    Et me regarde et se tient coi,
    Toujours avec je ne sais quoi
    D'égaré, d'ardent et de tendre.

    Ah ! Cette lueur de printemps,
    Cette flamme au vent qui s'envole,
    C'est mon âme changeante et folle.
    Lâche et vaillante en même temps,

    C'est mon âme dont les tendresses
    Montent jusqu'aux étoiles d'or,
    Mon âme qui réclame encor
    Sa part des divines caresses.

    C'est mon âme d'enfant gâté,
    Qu'un souffle entraine à la dérive,
    Toujours, hélas, quoi qu'il arrive,
    En quête de sa bonne volonté.

    Pauvre flammèche qui rougeoie
    Sous les rafales de l'amour,
    Quand donc pourrai-je à mon tour,
    Flambloyer comme un feu de joie.

    Et de ma gloire éblouissant
    Le bois paisible et l'eau dormante,
    Me perdre au fond d'une tourmente,
    A l'horizon couleur de sang !

    Extrait du recueil "Emaux Bressans" 1884


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  • 047 - Henri Beauclair (1860-1919) - La Douleur De Moumoute

    Qu'a Moumoute, aujourd'hui ? disait son entourage ;
    Elle est triste, elle n'a pas de coeur à l'ouvrage.
    Elle ne veut point voir son large canapé.
    Aurait-elle perdu ses valeurs à la Bourse ?
    - On a vu le Jourdain remonter vers sa source. -
    Pourquoi ce front préoccupé ?

    Qu'a la belle, ce soir ? que sa porte est fermée,
    Disaient les boudinés, la prunelle allumée ;
    Il paraît qu'elle est sombre et pleure abondamment.
    Ceux qu'elle ruina lui cherchent-ils querelle ?
    Les spectres blancs des fous, qui moururent pour elle,
    Sont-ils venus danser dans son appartement ?

    Qu'a-t-elle ? demandait sa compagne fidèle ;
    Celui qu'elle préfère a-t-il donc fait fi d'elle ?
    Dans ses beaux cheveux noirs vit-elle des fils blancs ?
    Qui la peut égaler dans l'une et l'autre garde ?
    Elle est éblouissante et, tout Paris regarde,
    En tremblant, ses grands yeux troublants !

    Qu'a Vénus ? s'exclamait un poète lyrique :
    Pourquoi ce deuil, pourquoi cet air mélancolique ?
    A-t-elle lu des vers de monsieur Legouvé ?
    Quel nuage est venu troubler ce ciel d'opale ?
    Sa paupière est bien rouge et son front est bien pâle !
    Et tous cherchent. Hélas ! aucun d'eux n'a trouvé.

    Si la belle qui fait dresser toutes les têtes
    A, depuis trois longs jours, abandonné les fêtes
    Et les bals, et le lac, et ses plus chers travaux ;
    Ce n'est pas qu'elle ait vu diminuer sa rente.
    Un protecteur s'en va qu'il en arrive trente,
    Tous pleins d'ardeurs et tous rivaux !

    Son chéri ne l'a pas encore abandonnée.
    Non, celui qu'elle dore a, toute la journée
    Murmuré les propos les plus tendres, en vain,
    L'argent ne tache pas sa chevelure noire
    La lyre et le pinceau disent partout sa gloire ;
    On vient de la mouler, en cire, pour Grévin !

    Ce ne sont pas, non plus, des figures funèbres
    Qui, brillant dans sa chambre au milieu des ténèbres,
    Ont laissé dans son âme un terrible remord.
    Elle n'a jamais lu Legouvé, - même en rêve. -
    - Pourquoi cette douleur qui l'obsède, sans trève ?
    - Son bichon de Havane est mort ! -

    Extrait du recueil "Les Horizontales" 1885


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  • 046 - Léon Dierx (1838-1912) - Le Remous

    Tout se tait maintenant dans la ville, et les rues
    Ne retentissent plus sous les lourds tombereaux.
    Le gain du jour compté, victimes et bourreaux
    S'endorment en rêvant aux richesses accrues ;
    Plus de lampe qui luise à travers les carreaux.

    Tous dorment en rêvant aux richesses lointaines.
    On n'entend plus tinter le métal des comptoirs ;
    Parfois, dans le silence, un pas sur les trottoirs
    Sonne, et se perd au sein des rumeurs incertaines.
    Tout est désert : marchés, théâtres et abattoirs.

    Tout bruit se perd au fond d'une rumeur qui roule.
    Seul, aux abords vivants des gares, par moment,
    Hurle en déchirant l'air un vif et aigu sifflement.
    La nuit règne. Son ombre étreint comme une foule.
    Oh ! Ces millions d'yeux sous le noir firmament.

    La nuit règne. Son ombre étreint comme un mystère ;
    Sous les cieux déployantson crêpe avec lenteur,
    Elle éteint le long sanglot de l'éternel labeur,
    Puis elle incline et remplit le front du solitaire ;
    Et la vierge qui dort la laisse ouvrir son coeur.

    Voici l'heure où le front du poète s'incline ;
    Où, comme un tourbillon d'abeilles, par milliers
    Volent autour de lui les amples rêves réveillés
    Dont l'essaim bourdonnant des fois s'illumine ;
    Où dans l'air il surprend des frissons singuliers.

    L'insaisissable essaim des rêves qui bourdonne
    L'entoure et dans son âme où l'angoisse descend
    S'agite et s'enfle, avec un reflux incessant,
    La houle des désirs que l'espoir abandonne :
    Amour, foi, liberté, mal toujours renaissant.

    Comme une houle épaisse où fermente la haine
    De la vie, en son coeur plus caché qu'un cercueil,
    S'élève et vient mourir contre un sinistre écueil
    L'incurable dégoût de la clameur humaine
    Dont ta nuit au néant traîne le vain orgueil !

    Extrait du recueil "Les Lèvres Closes" 1867


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  • 041 - Alfred De Vigny (1797-1863 - FRANCE) - La Beauté Idéale

    042 - Hippolyte Daguet (1851-1930 - FRANCE) - L'Oubli

    043 - Charles Van Lerberghe (1861-1907 - BELGIQUE) - Crépuscule Du Matin

    044 - Henri Warnery (1859-1902 - SUISSE) - Apparition De La Terre

    045 - Eugène Manuel (1823-1901 - FRANCE) - Les Abandonnés


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